Parole d'arachnophobe...Soignée

Quand on ambitionne de devenir un naturaliste a peu prés compétent, il y a des êtres vivants que l'on côtoie de prés, même si on ne les voit pas toujours...Huit pattes, une myriade d'yeux plus ou moins grands, des poils, et un peu de soie, ca vous dit quelque chose?

J'avais quatre ans quand ces petites bêtes sont devenues ma plus grande peur. Mon père, ayant dérangé une des occupantes de notre jardin, a fait une allergie énorme. Dans les yeux d'une enfant de quatre ans, l'oedeme qui avait transformé sa jambe était terrifiant. Et forcément, l'être qui en était à l'origine aussi. Ma mère étant arachnophobe, ma phobie ne s'est pas arrangée au cours de années. J'ai grandit, sans aucune animosité envers la tribu des huit pattes, mais tétanisée chaque fois que j'en croisais une. Elle me fascinaient, je les étudiais de loin, essayant de me soigner mais presque incapable de toucher une illustration de tarentule taille réelle.

Et puis un jour, l'une d'elles est sortie du tableau de bord de la voiture pendant que je roulais sur une nationale, et s'est promenée innocemment près de ma main. Je me suis littéralement déchiré la joue pour maintenir les roues de la voiture droite. J'ai pu me garer rapidement, je suis sortie de la voiture et n'ai pas pu y remonter, une véritable crise d'angoisse. Pour cette petite bête qui ne m'avais rien fait. Il fallait que ca s'arrête, et vite.

Alors je me suis mise à lire sur les araignées de chez moi. J'ai découvert que très peu d'entre elles étaient capables de me faire autre chose que courir sur mon bras. J'ai même réussi à en trouver certaines plutôt "mignonnes" sur les photos que je faisais défiler. Et puis, ce qu'elles sont fascinantes ces bestioles quand on commence à les connaître....

Jusqu'au jour où, me rendant à la réserve naturelle de l'Etang de Saint Ladre pour voir la Gentiane pneumonanthe, je l'ai croisée. Une petite boule orange, qui filait tout droit dans sa feuille enroulée au sommet de sa toile. Un Alsine, j'en étais sûre, observée seulement six fois en Picardie à ce jour. Et la, ma curiosité a pris le dessus sur ma peur. Je voulais la voir, sans la déranger plus que ca. Elle m'a accordé quelques photos du fond de sa loge. On aurait dit une gamine de 5 ans devant une bonne glace un jour d'été à la chaleur étouffante. Ca n'a duré qu'un petit moment, je l'ai vite laissée tranquille pour ne pas la déranger de trop et l'inciter à partir. Je suis repartie, et j'ai passé le reste de l'automne à les chercher, les observer. J'ai encore tant à apprendre sur elles. Je ne suis pas encore complétement guérie, je ne prendrais pas une de nos bonnes vieilles Tégénaires domestiques dans la main. Mais je vais mieux, beaucoup mieux. Merci, petite Alsine... :)

Photo: Araneus alsine - Alsine à Boves (80) - 01.09.2014, femelle.

L'Alsine fait partie de la famille des Araneidae, dans laquelle on retrouve également l’Epeire diadème. Elle enroule une feuille morte qu'elle place au sommet de sa toile, lui servant de loge. Sa toile est tissée dans les hautes herbes, à une vingtaine de centimètres du sol. Elle se plait dans les milieux marécageux, et se reconnaît bien à son abdomen rond, allant du orange au rouge foncé, ponctué et petites points blancs.